Librairie Pierre Saunier

Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868 Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868 Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868 Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868 Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868

Thoré (Théophile).
Salons de T. Thoré. 1844-1848 & Salons de W. Bürger. 1861-1868. Portraits par David d'Angers & Flameng. Préface de Thoré-Bürger et réciproquement.

Paris, Veuve de Jules Renouard, 1873 ; 3 volumes in-12, demi-chagrin noir, dos à nerfs orné, non rogné, couverture conservée (reliure d'époque). XLIV & 568 pp. / X, 441 & 541 pp.

700 €

Seconde édition des Salons de 1844 à 1847 (1er volume) publiés à l'époque en 4 volumes à l'Alliance des arts, avec ici, en édition originale, le Salon de 1848 publié dans Le Constitutionnel (cf. nos anciennes machines).

Édition originale des Salons de 1861 à 1868 (2 volumes).

Willem Bürger est le pseudonyme de Théophile Thoré.

Exemplaire de Champfleury portant cette note sur le faux-titre des Salons de 1861-68 :

Brave et loyal homme que Bürger. Enthousiaste, chaleureux et toujours jeune, il aimait les aspirations de la jeunesse et son enseignement n'avait rien de pédantesque. 13 septembre 1871. Champfleury

Thoré est l’un des grands critiques d’art du XIXème, digne héritier de Diderot avec lequel il a de nombreuses analogies. Même verve, même humour – remarque Marius Chaumelin (l’Art contemporain, 1873) – même délicatesse de goût et même originalité de vues ; même fantaisie et même profondeur ; même sensibilité et même fougue ; mêmes attendrissements à l’endroit de l’humanité et mêmes indignations contre tout ce qui est injuste, tyrannique, hautain ou rampant. Il n’est pas jusqu’au style de l’un qui ne se rapproche du style de l’autre par la netteté, la vigueur, la rapidité, les saillies imprévues et les éclats soudains, la franchise et le sans façon.

Thoré commence à rendre compte des expositions en 1832, se rangeant d’abord sous la jeune bannière romantique. Il est l’ami et le confident des plus vaillants artistes de son temps, d’Eugène Delacroix, d’Ary Scheffer, de Diaz ou de David d’Angers, comme de Théodore Rousseau avec lequel il partage un logis durant plusieurs années. Apôtre ardent et convaincu de la régénération permanente de l’art, affirmant que l’idéal consiste dans la manière de peindre et non pas dans le sujet, Thoré exhorte les jeunes artistes à briser les formules étroites, surannées, où se cantonne aveuglément l’enseignement officiel, criblant de ses sarcasmes les poncifs académiques, protestant sans relâche contre la reproduction servile des types, des symboles devenus inintelligibles, pour réclamer avec éloquence des œuvres conformes à la modernité.

Ami de Courbet – à qui il déclare, après le succès de sa Femme au perroquet au Salon de 1864 : allons mon cher, ton affaire est faite, parfaite, finie. Tes beaux jours sont passés, te voilà accepté, médaillé, glorifié, embaumé – Thoré est aussi un fervent défenseur du Réalisme et le premier critique d’art à remarquer et saluer les premiers tableaux des futurs impressionnistes.

Après la publication de son quatrième Salon, il prend une part très active à la Révolution de février 1848, s’impliquant, avec un désintérêt personnel, dans l’organisation du gouvernement provisoire – Lamartine insistera, en vain, pour qu’il se charge de la direction des Beaux Arts. Le 15 mai suivant, il est un des chefs insurrectionnels du mouvement populaire qui envahit l’assemblée, manifestation qui échoue et entraîne le retour au pouvoir des conservateurs. Traqué comme une bête, il doit s’exiler en Belgique pendant que la haute cour martiale le condamne à mort par contumace. Je ne connais guère en France que deux hommes qui soient restés incorruptibles : Proudhon et Thoré, proclame alors M. de Girardin, publiciste pourtant fort éloigné des idées de notre remuant bonhomme. Thoré reste en exil jusqu’en 1861 et adopte le pseudonyme de W. Bürger comme nom de plume. A son retour en France, il reprend avec autant d’intelligence ses comptes rendus de Salons et d’expositions dans la presse, invente Vermeer dont il possédait plusieurs tableaux, soutient les débuts de Manet – peintre de l’air impalpable – ou de Monet – quand on est vraiment peintre on fait tout ce qu’on veut ! – et remarque les premiers envois de Bazille, Degas, Pissarro ou Renoir mais il ne verra jamais la gloire de ces jeunes peintres qui attendent impatiemment les lignes qu’il leur consacre. La mort à la veille du Salon (de 1869) nous a pris Thoré, celui d’entre nous qui s’entendait le mieux aux choses de la peinture (Castagnary).

Bel exemplaire, incontournable ...